Après l’abandon du projet A550X fin 1964, Nissan découvre le travail effectué par Yamaha en collaboration avec Toyota sur la 2000GT présentée au salon de Tokyo en octobre 1965. D’autres constructeurs japonais se mettent à la conception de prototypes de course, comme Hino et Daihatsu. Prince est a une longueur d’avance sur les autres en matière de technologie et de savoir-faire. Sa R380 est très prometteuse. Honda fait évoluer sa S600 en S800 qui va écumer les routes autant que les circuits, mais surtout se focalise maintenant sur la F1.
Nissan se sent en reste et aimerait bien participer au future Grand Prix du Japon, la plus prestigieuse compétition de l’archipel, avec un véhicule concurrentiel. On ressort alors du tiroir le projet d’un coupé sport. Cette fois, le nom de code est A680X. On reprend le châssis de la Fairlady SP311, parce qu’on a pas mieux chez Nissan, et un nouveau design est réalisé par Noguchi Takashi, aidé de Kazuo Kimura qui a travaillé sur la Silvia et la A550X.
Il n’est pas possible d’effectuer de test aérodynamique en soufflerie, on prend les mesures de résistance au fluide en plongeant une maquette dans un bassin hydrodynamique. La carrosserie est entièrement fabriquée en fibre de verre. Le design est un peu maladroit mais la forme est plaisante. Elle est distincte du précédent prototype A550X et rappelle quelques prototypes italiens. Les rétroviseurs haut-perchés sont amusants. Son style ne sera pas hérité sur la 240Z ou un autre véhicule de la marque.
Pour la motorisation, Nissan revient vers Yamaha. Ce dernier est à la tâche pour développer un six cylindres en ligne qui deviendra le L20 utilisé sur la Skyline et la Cedric. Il leur est demandé de concevoir une culasse pour en faire un moteur de compétition. Yamaha coule une culasse en aluminium à chambre hémisphériques et double arbre à cames en tête. En outre, il possède 4 soupapes et deux bougies d’allumage par cylindre. Ce moteur est appelé B680X, il fait 1998 cm3 de cylindrée. Il est équipé de 2 distributeurs pour alimenter les 12 bougies et de trois carburateurs Weber42DCOE. La puissance qui en sort est de 190 ch à 6400 t/min. Comparé aux Prince qui développent 200 ch, c’est un peu faible mais c’est un bon début.
La Nissan A680X roule en début 1966. Elle est essayée sur le circuit de Fuji par Moto Kitano, un ex-champion de Grand Prix moto de chez Honda. Elle se révèle plus rapide de 2 secondes que la 2000GT de Toyota mais encore 3 secondes trop lente par rapport à la Prince R380. Des efforts sont encore à fournir afin d’arriver à une auto compétitive pour le Grand Prix. Nissan y travaille, jusqu’à ce que l’annonce de la fusion de Prince au sein de Nissan soit dévoilée. Désormais, il devient absurde de développer une voiture concurrente à la R380 qui soit moins performante. La direction abandonne le projet A680X et l’on ne reverra jamais cette admirable petite auto.
Une poignée d’ingénieurs de chez Nissan qui ont travaillé sur la A680X, accompagnés de Kitano lui-même, refusent de ne pas voir l’auto participer au Grand Prix. Ils continuent secrètement le développement et le fameux moteur B680X est monté dans une Fairlady modifiée en conséquence. Elle est engagée au GP, ce sera son unique course après quoi, le projet sera définitivement enterré. A la séance de qualification qui se déroule sous une pluie diluvienne, et à la surprise de tout le monde, Kitano au volant de cette Fairlady S (フェアレディ S) obtient le meilleur temps et se retrouve en pole position sur la grille de départ.
Evénement tant attendu, prévu en 1965 et repoussé d’une année, le 3e GP du Japon se déroule à Fuji le 3 mai 1966. 16 voitures sont qualifiées. C’est la dernière compétition pour la marque Prince et la première pour des voitures exceptionnelles, à l’image de la Toyota 2000GT. Le circuit de Fuji récemment inauguré par Jim Clark accueille cette course de 360 km, soit 60 tours de piste.
La 2000GT prend le meilleur départ mais c’est Prince qui réalisent un doublé spectaculaire en plaçant deux R380 en tête, devant la Toyota. Kitano, quant à lui, abandonne aux 2/3 de la course sur problème moteur.
En août 1966, la fusion de Prince et Nissan est entérinée et les ressources se concentrent sur la future R380-II qui sera badgée Nissan.
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Nissan A680X en 1966 |
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Moteur Yamaha B680X |
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Nissan Fairlady S
qualification au GP du Japon 1966
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