La première automobile à rouler au Japon est une Panhard & Levassor importée en 1898 par un Français à Tokyo. Deux ans plus tard, c'est une Locomobile à vapeur qui arrive à Yokohama avec un Américain, J.W. Thompson. En 1906 à New York, alors qu'il s'apprète à importer une deuxième Locomobile au Japon, ce dernier relate que les routes sont excellentes pour l'automobile et que le problème majeur consiste à enseigner aux autochtones la mécanique automobile afin d'en faire des chauffeurs et des mécaniciens capables de la réparer.
Ces démonstrations d'engins motorisés enthousiasment les foules. Le peuple, et le gouvernement, réalisent combien leur pays a accumulé du retard technologique par rapport à l'Occident. C'est aussi ce genre d'événement qui va catalyser le désir de produire localement des machines semblables en copiant ce qui se fait ailleurs. Des pionniers, souvent artisans locaux, ou inventeurs astucieux, vont se dévouer à la réalisation de machines roulantes.
La première compétition motorisée du Japon se déroule le 3 novembre 1901 dans le parc de Ueno à Tokyo. Les trois véhicules ont 2, 3 et 4 roues. La course est remportée par le quadricycle Gladiator de fabrication française, devant les deux autres engins Thomas de fabrication américaine à moteur 4 temps De Dion-Bouton 200 cm3. La suprématie des quatre roues a permis une vitesse mesurée de 36 km/h.
Narazo Shimazu est le pionier de la motocyclette au Japon. Il construit son premier engin en 1908. Un moteur 2 temps de 400 cm3 est d'abord utilisé dans un cadre de Triumph, puis c'est un 4 temps qui est développé et monté dans un châssis maison. Une vingtaines d'exemplaires du modèle NS sont fabriqués.
En 1909 Mme Harriet White Fisher réalise le premier tour du monde en automobile. Partie des Etats-Unis, durant 13 mois, elle traverse l'Europe, le sub-continent indien et le Japon. Son récit, accompagné de photographies, décrit les conditions parfois difficiles de son périple. Il faut improviser des transbordements et des ponts de fortune. Il est à remarquer que sa Locomobile a parcouru 16 000 km de terre ferme sans aucun incident mécanique.
En ce début de XXe siècle, rien ne favorise le développement de véhicules automobiles dans l'archipel, les routes sont pratiquement inexistantes et les moyens de transport sont pauvres.
De plus, le conflit politique en Mandchourie pour le contrôle de la Corée omnubile le gouvernement japonais. La guerre contre la Chine (1894-1895) puis celle contre la Russie (1904-1905) conduit le Japon à mettre la priorité sur l'armement. Le budget militaire monopolise l'industrie nippone. L'empire japonais se dote de la plus grande flotte navale de l'Asie du Pacifique pour combattre les Russes.
La victoire de 1905 contre la Russie marque la première fois qu'une puissance asiatique remporte une guerre contre un pays colonialiste occidental. Forte de ce nouvel aplomb, l'attitude du Japon va changer pour devenir une puissance capitaliste et colonialiste en Asie. Le Japon nécessite une force armée adéquate et va désormais encourager le développement de l'industrie.
Parallèlement à son affirmation en tant que grande puissance, le Japon intensifie ses contacts avec l'Occident.
L'industrie textile est en plein essort, et la construction de machines à tisser se développe rapidement. Si les Anglais sont leaders dans le domaine, le Japon et l'Inde se positionnent en concurrents sérieux. C'est cette première approche de la mécanique de précision qui va engendrer des constructeurs automobile comme Toyota.
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Scènes de rue, début du XXe siècle |
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Première motocyclette de fabrication japonaise, par Narazo Shimazu.
Ici le modèle NS de 1909 |
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Locomobile de Mme Harriet White Fisher
au Japon en 1910 |
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Route de campagne au début du XXe siècle |
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Dès 1909, les métiers à tisser automatiques Suzuki sont réputés robustes et sont exportés dans le monde entier |
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